12ème partie : les 3 cols du Khumbu (24/11 au 03/12)

92 Lobuche (4900) ; 5h45 ; +1000 -800

93 Gorakshep (5150) ; 3h40 (avec l'excursion au Kalapattar 5623) ; +760 -610

94 Dzongla (4850) ; 3h15 ; +300 -600

95 Dragnag (4700) ; 5h ; +700 -850

96 Gokyo (4800) ; 3h30 (avec le tour du 3ème lac) ; +400 -300

97 Gokyo ; excursion au point de vue au-dessus du 5ème lac ; 4h ; +500 -500

98 Thame (3800) ; 6h30 ; +800 -1700

99 Namche Bazar (3500) ; 2h45 ; +200 -600

100 Namche Bazar REPOS

101 Phakding (2700) ; 3h30 ; +300 -1100

Voilà 92 jours que nous marchons (24 novembre) :

 

N'ayant pas les compétences cinématographiques pour continuer dans la même lignée que mon acolyte, il va me falloir trouver autre chose pour vous conter la suite de notre épopée dans le Khumbu. 

Je pourrais vous parler de la culture locale... mais un anglo-saxon faisant le tour du Mont Blanc qui vous parle de la culture savoyarde ne serait pas très crédible ; moi non plus. Je pourrais vous parler du froid en cette fin novembre, entre 4000 et 5000 m d'altitude, qui effraie ma grand-mère. Non Mamie, le poêle de la salle commune et la double couette dans la chambre ont amplement suffit. Nous nous sommes même surpris à passer un col en t-shirt : réchauffement climatique ou anticyclone opportun, aucune idée, mais le grand froid nous a relativement épargné. 

 

Il va donc falloir parler des paysages. Ici, comme avant, c'est beau, mais le gigantisme dépasse l'entendement. 

Notre itinéraire, un classique, consiste à cheminer au travers de 3 cols à plus de 5000 m d'altitude. Au premier col, le Kongma La, le fort vent remontant de la vallée soulève de la poussière de roche. Ce même vent décoiffe les sommets en soufflant la neige. Cette brume lointaine ajoute une touche de mystique aux lacs gelés en contre bas du col. 

 

Derrière, le glacier du Khumbu se meurt. L'ancienne immensité blanche est désormais recouverte de blocs de pierres qu'elle a elle-même charriée depuis des millénaires. Notre traversée de cette langue glaciaire résonne des bruits de verres brisés et des gargouillis des lacs parsemant cette étendue gris-blanche. 

 

La vallée suivante est empruntée par les alpinistes téméraires et/ou fortunés qui veulent atteindre le toit du monde ; ainsi que par les curieux qui suivent leurs pas jusqu'au camp de base de l'Everest (5300 m). Comme c'est au pied du mur qu'on le voit le moins, le célèbre point de vue du Kalapattar ne nous montre qu'une image restreinte du géant, puisqu'il est entouré par ces "petits frères" de plus ou moins 8000 m d'altitude.

Voilà 95 jours que nous marchons (27 novembre) :


Le deuxième col, le Cho La, représente pour nous l'occasion de chausser les crampons pour la première fois de la traversée (il était temps). 15 minutes sur cette langue glaciaire douce et luisante, puis nous basculons sur la vallée des lacs sacrés de Gokyo. Ayant pris du recul par rapport à l'Everest, le jeu des perspectives nous permet de mieux appréhender le gigantisme du plus au sommet de la planète (8850 m). 


Comme si prendre de l'altitude revenait à s'approcher du pôle nord, l'ambiance à Gokyo est artique. Son lac turquoise, ces maisons colorées, l'herbe rase et ses rivières gelées forment une enclave polaire coupée du reste du Népal par les monstres himalayens. 


Voilà 98 jours que nous marchons (30 novembre) :


Au dernier col, le Renjo La, nous avons tout loisir d'identifier sommets et vallées franchis les jours précédents. Au terme d'une descente de 2000 m, nous repassons enfin et définitivement sous la barre des 4500 m. 


Comme un clin d'œil à Max, je suis transporté dans Star Wars alors que nous contournons un dernier lac qui gronde de sons futuristes orchestrés par la glace en mouvement.